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29.08.2012
Le Phénomène des « Zarguina » : Posons-nous les vraies questions
Il y a longtemps que sortie de sa majesté Ibrahim Mbombo Njoya sultan roi des bamoun n’avait pas été aussi tranchante. Un allant de soi vu l’ampleur du phénomène décrié qui a atteint des proportions inimaginables et incroyables. Aziz Mbohou la plume toute aussi tranchante du Portail du royaume bamoun et de Cameroon-tribune a relayée cette sortie du Sultan lors de la fête du ramadan 2012 sur le phénomène des « feymen » dénommé chez nous les « zarguina ».
Sa majesté est largement revenue sur le mode opératoire de ces entourloupes qui n’hésitent plus a utiliser les symboles sacrés de notre tradition, notre culture et notre civilisation pour atteindre leurs objectifs, jetant ainsi l’opprobre sur tout le peuple bamoun et sa culture.
Le problème, il est réel, il est concret et mérite pour une fois qu’on s’y arrête. Une génération plus âpre au gain facile et pour la plupart des cadets sociaux selon Bayart a décidé de prendre le pouvoir que procure l’argent. Ils sont décidés à le faire à tout prix. Au diable l’éducation, la morale, l’éthique, l’échelle des valeurs, au diable la préservation de notre patrimoine culturel.
Saisir ce phénomène par le déploiement de ses adeptes une fois leurs forfaits commis est une voie qui risque fort bien de mener à toutes sortes d’amalgames pour ne déboucher que sur des querelles de chiffonniers comme on sait en fabriquer chez nous ces dernières années. Le phénomène a pris corps depuis longtemps mais a regagné d’acuité du moins dans sa forme actuelle au début des années 2000. On voit de plus en plus de jeunes de très jeunes « réussir » par cette voie. Ils font étalage de leur puissance financière si bien qu’ils sont devenus irrésistibles.
Les plus jeunes en font des repères et des valeurs au détriment des canaux classiques de la formation que sont l’école et son partenaire privilégié le cadre familial. la jeune fille qui est déjà dans le Noun toute une problématique n’en est pas du reste, tout le monde ou presque a entretenu avec ces jeunes gens une relation assez incestueuse, occultant ainsi le danger que courrait notre système de transmission des valeurs. Aujourd’hui dans le Noun en général on se fiche de l’origine de l’argent, du moment où il procure un confort matériel, on n’en parle pas. Mais avec la sortie du Sultan on se doit au moins de se poser quelques questions. Pas que nous voulons absolument ressembler à ces ministres qui ne sortent que lorsque le Président de la république à dénoncer une tare mais parce que la voie la plus autorisée l’a elle-même dénoncée car qu’on se le dise le sultan ou mieux l’institution traditionnelle « sultan roi des bamoun » reste le symbole le plus terni et partant toute la culture et la civilisation dont il est le dépositaire et le timonier. Aussi parce que nous ne pouvons plus occulter les dégâts du phénomène des « Zarguina » sur la tranche d’âge comprise entre 10 et 18 ans et particulièrement la jeune fille qui en elle-même est déjà un problème à régler dans le Noun. Donc louons le bon relais que les uns et les autres ont fait et saurons faire de cette sortie de sa majesté, mais posons-nous les vraies questions.
Dominique MALAQUAIS a dans son anatomie du phénomène de la « Feymania » ayant pour chef de file Donatien KOAGNE établit clairement que ce phénomène prend toujours corps dans des contextes de pauvreté, de paupérisation continue et de démission de toutes les structures d’encadrement des jeunes. Posons-nous tout d’abord la question de savoir ce qui est à l’origine du phénomène des « Zarguina » chez nous. Que s’est il passé pour que notre jeunesse soit si influencée et emportée ? Comment en sommes nous arriver là ? Le terme « là » sur lequel on se doit d’insister comment en somme nous arrivés à sacrifier tout ce que la tradition a de sacré au profit du confort matériel éphémère ? Comment en sommes-nous arrivés à accepter ce phénomène sans jamais le décrier au moment ou une chaîne de télévision des plus grands taux d’audience au monde relatait dans une enquête ce phénomène, son mode opératoire et l’opprobre qu’il jetait sur toute une civilisation ? Ou sont passés les repères de la société dans le Noun ? Car disons nous la vérité les yeux dans les yeux, les adeptes de ce phénomène n’ont connu aucun modèle et se sont mis au propre comme au figuré à se chercher. Ils se sont cherchés et se sont trouver une voie. Que faire donc maintenant ? Limiter la casse avec des arrestations annoncées ne résoudra assurément pas le problème car il faut procéder à une refonte totale de notre système d’encadrement de la jeunesse.
Dans le Noun on a parfois tendance à réinventer le monde sinon comment ne pas copier sur ce qui se fait de mieux ailleurs ? Comment protégeons-nous notre patrimoine culturel ? Est-ce à dire que personne ne peut parbleu répertorier nos images, armoiries, symboles, etc… et les protéger auprès des instances compétentes ? C’est peut être le moment de se demander où en est-on avec le projet de construction du musée parrainé médiatiquement par la grande star française Yannick NOAH et porté par la firme Orange Cameroun ? Ce projet aurait à coup sûr coupé l’herbe sous les pieds des arnaqueurs.
Sur un tout autre plan que faisons-nous pour que les jeunes enfants de la tranche d’âge comprise entre 13 et 18 ans ne quittent pas les bancs prématurément pour embrasser cette voie ? Sommes-nous vraiment conscients que c’est un fléau ? Auquel cas comment expliquer la relation incestueuse qu’entretiennent certaines personnalités ressources avec les « Zarguina » ? Est-ce qu’on doit se limiter à commenter la sortie du Sultan Roi des bamouns ou devons mener une réflexion sérieuse sur ce fléau ?
Pour l’instant ils font l’actualité avec les voitures, les mariages, le farotage etc… et à coup sur demandez à une bonne partie de la population ce qu’elle pense de ce phénomène elle vous dira que la lutte contre la pauvreté et le sous développement est plus soutenue par les « Zarguina ». Au Diable la morale quand l’argent parle le philosophe se tait. En langage du « Zarguina » « fùke espèce chiket nà ghà lèrwa tà lî tene toum ! ».
Ceci est une piste de lecture et de réflexion...
MFOCHIVE NJOYA
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