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29.06.2011
Cameroun : c’est officiel, le transport motorisé des cadavres est interdit la nuit.
Dans ce pays de l’Afrique centrale, il est de coutume pour les ressortissants d’une région ayant immigré sous d’autres cieux de rapatrier le corps sans vie de leur proche vers la terre de leurs ancêtres. Et ce mode de transport se fait très souvent au cœur de la nuit. C’est très souvent le cas pour les ressortissants du grand ouest vivant hors de leurs régions. L’attitude est également observée chez les ressortissants des autres tribus du grand Sud Cameroun. Avec l’arrêté ministériel interdisant la circulation des véhicules de transport public interurbain de personnes sur les axes routiers interurbains, plus question donc de voyager la nuit, entre 21 heures du soir a 5 heures du matin avec les cadavres.
Autres conséquences de la suspension des voyages de nuits sont lourdes. De grosses pertes économiques, des emplois dissous, etc.
De mémoire, quartier Brazzaville de Douala, il est 19 heures et l’espace abritant la gare routière bouillonne déjà d’individus et de véhicules devant les accueillir. Le flux important des voyageurs de nuit a d’ailleurs amené certaines agences de transports à agrandir leur parc automobile d’où le recrutement de nouveaux chauffeurs. Après avoir acheté le ticket, le passager réserve son siège à l’aide d’un objet. En attendant l’embarquement, opération qui s’effectue très souvent entre 23 heures et minuit, il est coutume pour les uns de se restaurer ou de faire quelques achats à emporter également. Débits de boissons, restaurants, l’on compte par dizaine ici des petits commerces et autres lieux de vente des produits de premières nécessitées.
Cette ambiance, on la retrouve également dans la plupart des gares routières des voyages de nuit dans la ville de Douala. Il s’agit des lieux, Entrée bille, entrée BEPENDA, carrefour tonnerre, vallée BESSENGUE, TOTAL BONANKOUAMOUANG, BONABERI, a la gare routière, et autres points privés d’embarquement. Parti de ces différents centres d’affaires que l’on retrouve également dans les villes de Douala, Bamenda, Foumban, et Yaoundé, le véhicule de transport doit pendant le voyage honorer à ses engagements. Il s’agit des taxes communales, et autres péages routiers dont les agents se relaient de jour comme de nuit.
Après quelques heures de voyage et pour permettre aux occupants du véhicule de se dégourdir les jambes, elle est presqu’obligatoire, l’escale de MELONG ou celle de Bouda et MAKENENE sur l’axe Yaoundé-Bafoussam. Une aubaine pour les habitants de ces localités qui peuvent ainsi faire de bonnes affaires. Cependant, faute de clients, tous ces commerces et autres activités lucratives sont appelés a disparaitre avec l’entrée en vigueur de l’arrêtée ministériel interdisant les voyages de nuit au Cameroun. En se basant sur des observations personnelles, ce sont des centaines voire le millier d’emplois qui sont donc appelés à disparaitre, et des chômeurs en plus à l’horizon. Toutefois, si on se réfère au principal argument soutenu par le ministère des transports pour justifier la décision, la vie n’a pas de prix.
Valéry Giscard DJOIANDEU
Journaliste indépendant
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