|
|
06.12.2010
Foumban : Le Nguon subit la rivalité entre l’Udc et le Rdpc
Écrit par Blaise Nzupiap Nwafo depuis Foumban
Les divergences ont été une fois de plus étalées vendredi, à l’ouverture des festivités que présidait le ministre de la Culture, Ama Tutu Muna.
Les milliers de personnes qui ont pris part vendredi dernier à l’ouverture officielle de la 543e édition des journées traditionnelles et culturelles du peuple Bamoun, le Nguon, ont été marquées par les divergences qui règnent dans le Noun entre le sultan des Bamoum, Ibrahim Mbombo Njoya (Rdpc) et Adamou Ndam Njoya, président national de l’Udc et maire de Foumban.
Invités à la tribune pour le mot de bienvenue, Nji Foata Ibrahim, 3e adjoint au maire de Foumban, a tenu un discours de plus de 26 minutes. Mettant ainsi mal à l’aise le ministre de la culture, le gouverneur de la région de l’Ouest, les corps diplomatiques, tous les autres invités. C’était l’occasion pour lui de faire les éloges de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), de son président national Adamou Ndam Njoya, et le bilan des réalisations de l’Udc à Foumban. Même les chuchotements, l’indignation des autorités et les applaudissements des foules, en signe de désapprobations, ne l’ont pas interrompu dans son initiative. Face à cette situation, le préfet du département du Noun, Pascal Mbozo’o, a dû se lever de son siège pour aller lui demander d’abréger son allocution. Mais il sera imperturbable jusqu’à la fin. Pendant qu’il faisait son one man show, Ama Tutu Muna n’a pas manqué de remettre son discours à Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, le gouverneur de la région de l’Ouest qui y a apporté des retouches. Une scène qui n’a pas échappé aux observateurs attentifs.
Rivalités
Il a fallu attendre le discours d’ouverture pour se rendre compte que face au manque de respect manifesté par le A3 au maire, Ama Tutu Muna l’a tout simplement ignoré. Aucun mot à l’endroit du maire par rapport aux souhaits de bienvenue. On peut dès lors comprendre pourquoi le discours du ministre s’est retrouvé entre les mains du gouverneur de l’Ouest. Dans son mémoire présenté, le magistrat municipal a laissé entendre qu’il faudrait repenser le Nguon en vue de l’adhésion de toutes les populations, éviter leur éloignement et le spectacle pour tous ceux qui viennent de loin tous les deux ans. Il a aussi dénoncé l’égoïsme, l’hypocrisie, la jalousie, le mensonge qui sont constatées pendant la célébration du Nguon qui va quelque peu en contradiction avec l’ère de la démocratie.
Dans le Noun, les rivalités politiques entre le Rdpc et l’Udc, conduits respectivement par le sultan des Bamoun et le maire Adamou Ndam Njoya, ont quelque peu fait perdre au Nguon sa valeur d’antan avec l’unité qui a foutu le camp. Cette 543e édition qui avait pour thème «Pensons à nos origines pour un avenir serein » est la 10e célébration sous le règne de l’actuel sultan, Ibrahim Mbombo Njoya. Pour le président du comité d’organisation, Ngounga Mouchili Amadou, elle marque davantage un trait d’union entre les ressortissants du Noun qui font aujourd’hui face aux défis du dialogue et de la cohésion. Sur l’opportunité d’une telle rencontre biennale dans un contexte républicain et de démocratie, il affirme que : « Ncharé Yen et ses pairs avaient perçu 600 ans avant nous la nécessité d’un cadre de rassemblement, de communion politique, d’échange économique et de détente culturelle autour du pouvoir traditionnel… Cette instance démocratique d’avant-garde consacre la liberté d’expression et la cohésion des Bamoun en jugeant les actions du roi dans le sens d’un élan de suggestions et de perspectives constructives. C’est d’ailleurs le seul cadre qui unit aujourd’hui tous les fils et filles du Noun, qu’ils soient musulmans, chrétiens ou animistes, riches ou pauvres, qu’ils soient Rdpcistes, Upcistes ou Udcistes ».
Développement
Le ministre de la culture n’a pas manqué de relever que le Nguon est un évènement majeur qui s’inscrit en droite ligne dans la politique culturelle au Cameroun dont l’un des objectifs est la lutte contre l’acculturation de la jeunesse. Cadre d’expression des richesses culturelles du peuple Bamoun marqué par des conquêtes, de consolidation de l’identité et de la solidarité nationales, Ama Tutu Muna souhaite que le Nguon, qui tend à s’internationaliser, s’inscrive dans le calendrier des manifestations culturelles du Cameroun.
Le lendemain samedi, d’autres membres du gouvernement, dont le ministre de l’Eau et de l’Energie, le vice-Premier ministre, le secrétaire d’Etat à la Santé, ont fait le déplacement de Foumban où le roi a été jugé par les «fonanguon» (juges du tribunal coutumier) sur la manière dont le royaume a été gérée pendant les deux dernières années. C’était en présence de nombreux chefs traditionnels du Grand Nord, de l’Ouest et du Nord-Ouest.
Dans son discours de trône, Ibrahim Mbombo Njoya, tout en prônant la paix et l’unité, a promis qu’un accent particulier sera mis sur la création et le développement des infrastructures routières, des établissements de micro finances et des entreprises qui sont le socle du développement économique du département. C’est avec le retour triomphal du roi et des guerriers du champ de bataille, suivi de la présentation des trophées de guerre et l’exécution du chant de victoire que le rideau s’est refermé hier dimanche, 5 décembre 2010, sur la 543e édition des journées traditionnelles et culturelles Bamoun qui mobilise de moins en moins les populations, touristes et autres opérateurs économiques.
|
|
|
