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28.07.2010
Kouoptamo : La mère fondatrice demeurée adepte
L’agriculture reste la principale activité de cet arrondissement du Noun qui avait accueilli le tout premier comice agropastoral du Cameroun en 1960.
Le 19 juillet 2008, Mme Haman Adama, alors ministre de l’Education de base (Mindub), est à Kouptamo. Bien avant son infortune actuelle, elle y inaugure l’école publique de Njimbambelé, une des localités de l’arrondissement. Le bâtiment de deux salles de classe est un don fait au gouvernement camerounais par Jacques et Patrick Desplaces, expatriés français, qui opèrent dans le secteur de… l’agriculture. L’Ambassadeur de France au Cameroun est présent. Dans son mot de bienvenue, le maire de la commune de Kouptamo exhorte, pacifique, à une «utilisation rationnelle et efficiente de ce joyau, qui ne saurait se confondre à un rachat des difficultés et malentendus qui ont précédé l´installation de ces investisseurs dans (leur) localité qui, à n´en point douter, a causé des dommages à certains d´entre (eux)».
Allusion à peine voilée à la polémique qui entourait ce don, et à l’atmosphère délétère qui régnait dans la localité entre les exploitants français et les populations locales. De nombreux litiges fonciers étaient en effet apparus entre les deux parties au sujet des vastes étendues de terre exploitées par la famille Desplaces. Autre source de dissensions, les conditions de travail des natifs de la région dans les plantations des français, que les populations et forces vives n’arrêtaient de dénoncer. Car ici, l’agriculture est la principale activité de l’ensemble de la population. A cause de l’enclavement et de la géographie de la localité, seule l’école aurait pu offrir une alternative aux populations. Or l’offre en éducation à Kouoptamo est des plus sinistrées du pays.
En 2008, le Minedub avait classé 22 des 54 écoles primaires et maternelles de l’arrondissement parmi les plus «nécessiteuses du Cameroun». Chaque année, les classes se dépeuplent davantage, et déversent des centaines d’adolescents et même d’enfants dans l’agriculture, et particulièrement dans les champs de la famille Desplaces, même s’il convient d’indiquer qu’entre temps certains fils de la localité se sont lancés dans l’agriculture extensive avec des moyens certes très modestes. Conséquence, l’arrondissement tient dignement son statut de «bastion agricole du Noun», au moins du point de vue de ses produits. Cacao, café, banane, plantain, maïs, igname…
Car ici, l’agriculture n’est pas seulement une solution de l’équation de la survie. C’est aussi l’héritage des traditions séculaires, transmis de générations en générations, où c’est le plus grand cultivateur qui a droit à tous les honneurs. Nul doute que c’est cette logique de rivalité qui fut à l’origine du comice agropastoral de 1960, le tout premier de l’Histoire du Cameroun, et son «éclatant succès»: Les paysans avaient certainement décidé de se «mesurer» à travers leurs produits, fondant ainsi l’esprit même de ces rendez-vous du monde rural, mis en minorité aujourd’hui par les caprices des agendas des politiques. Même devenus nationaux en 1973, les comices ont gardé cet esprit qui s’est à nouveau manifesté en 1988 à Maroua, lorsque le comice agropastoral, fut organisé pour la dernière fois. C’était il y a…22 ans !
S.D.B.
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