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29.10.2024
LETTRE OUVERTE AUX ÉLITES SIGNATAIRES DE LA "MISE AU POINT, DE LA DÉCLARATION ET COMMUNICATION SPÃ
LETTRE OUVERTE AUX ÉLITES SIGNATAIRES DE LA "MISE AU POINT, DE LA DÉCLARATION ET COMMUNICATION SPÉCIALE" PUBLIÉE DANS LE QUOTIDIEN LE MESSAGER N° 8384 DU 22 OCTOBRE 2024
Chers frères et sœurs, éminentes figures du Noun,
Votre prise de position récente, si prompte et médiatisée, interpelle. Elle éveille des questionnements légitimes sur ses réelles intentions et l’opportunité de sa publication. Pourquoi maintenant, et à quel dessein ?
UN SILENCE PESANT SUR LES VÉRITABLES ENJEUX
Le Noun est l’un des rares espaces où l’autorité traditionnelle incarnée par le Roi des Bamoun côtoie l’influence politique exercée par l’Union Démocratique du Cameroun (UDC). Cette dualité, bien qu’essentielle, n’a cessé de souffrir d’un mutisme prolongé de la part de ses élites et associations, muettes face aux défis qui s’accumulent. Aujourd’hui, à notre grande surprise, vous émergez de ce silence habituel. Mais pourquoi à ce moment précis ? Si le Roi a inspiré cette déclaration, il y a matière à s’en désoler. Si, au contraire, d’autres en sont les instigateurs, ils flirtent avec un risque périlleux qui pourrait, d’abord, enflammer le palais lui-même.
UN CHOIX DE TIMING DÉCONCERTANT
La temporalité de cette déclaration interroge. Pourquoi ne pas avoir rompu ce silence lors des troubles à Magba ? Pourquoi intervenir maintenant, à l’aube du Nguon, mettant potentiellement en péril cet événement fondamental pour notre culture ? Si l’UDC devait se voir couronnée d’un succès électoral, cela apparaîtrait moins comme une victoire partisane qu’un désaveu cinglant de votre part, vous, les élites. Plutôt que de recourir à une pétition dans la presse, pourquoi ne pas descendre auprès des citoyens pour défendre vos idées ? En choisissant le filtre médiatique comme principal canal, vous reconnaissez tacitement une rupture inquiétante avec les réalités populaires.
FÉBRILITÉ ET MANQUE DE COHÉRENCE
Votre texte cible certains membres de l’opposition, notamment Mme Ndam Njoya Tomaino, en omettant que la violence politique est un fléau partagé dans le Noun. Un moment d’autocritique aurait été de mise, au lieu d’accusations biaisées qui ne feront que fracturer davantage notre communauté. Où sont passés la lucidité politique et l’engagement pour des solutions tangibles ?
UNE DÉMARCHE POLITIQUEMENT DÉPLACÉE
Avec les élections législatives et municipales reportées à 2026 cette intervention paraît inopportune. Vous, en tant qu’élites, êtes censés préserver le cadre démocratique, dont le respect des mandats en est le socle. Chercher à influer précocement sur des échéances encore lointaines ne fait que projeter une image de précipitation. La menace implicite que fait peser cette déclaration sur le Nguon, moment sacré où le Roi convie des hôtes du monde entier, est une maladresse qui risque de déstabiliser notre unité.
PLUTÔT QUE DE DIVISER, SOYEZ RASSEMBLEURS
Votre démarche actuelle et cette indifférence aux échéances démocratiques sont un affront à la dignité du Noun et à son peuple. Vous êtes censés incarner une figure d’autorité, un modèle pour la jeunesse, et un exemple pour notre société. Or, en affichant cette fébrilité stratégique et ce détachement face aux besoins concrets du département, vous trahissez l’attente d’une représentation respectueuse et authentique.
Le Noun réclame des leaders éclairés, capables de transcender les clivages pour construire un avenir de cohésion, de prospérité et de rayonnement. Il est temps d´orienter votre engagement vers un véritable service au bien commun.
Cheikh Jamal Sine Njoya
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