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04.07.2004
Nguon 2004 : entre allégresse et réflexion
Foumban a vibré le week-end dernier au rythme du festival bamoun.
Solennité, faste, émotion, communion... La grande assise traditionnelle du peuple bamoun célébrée ce week-end a été tout cela et plus encore. Avant même que les choses sérieuses ne commencent, le touriste débarquant pour la première fois dans la capitale du Noun avait été frappé par le nombre de personnes venues assister à l`événement. Responsables politiques, traditionnels, diplomates (parfois en famille) et un nombre impressionnant de badauds. Tous curieux d`assister aux différentes articulations du Nguon.
Samedi matin par exemple, une foule immense et colorée à souhait s`est rassemblée dans la cour du palais royal et a assisté au Sha`pam, cérémonie au cours de laquelle divers responsables des régions du royaume (membres initiés de sociétés secrètes) sont venus remettre une partie de leurs pouvoirs au sultan. Mais c`est un peu plus tard, dans la cour d`apparat, que le plus intense de la manifestation s`est joué.
En effet, le public présent a assisté à une sorte de jugement du roi (et de ses collaborateurs), qui s`est levé de son trône pour écouter le long réquisitoire des Fonanguon, les initiés chargés de lui dire ce qui ne va pas dans le royaume, et d`éventuellement lui demander des comptes. Ces derniers n`ont pas été tendres cette fois-ci, le roi s`en étant tiré avec une amende, les obsèques de sa mère ne s`étant pas déroulées conformément à la coutume, selon les Fonanguon - le roi s`est engagé à leur remettre douze boeufs à l`issue de la cérémonie.Ces initiés se sont également plaints du fait que certains notables vendent la terre aux étrangers sans autorisation, de façon quasi anarchique. Autres préoccupations : que compte faire le roi contre la pauvreté, le banditisme, l`insalubrité dans certains villages du royaume ? Par ailleurs, il faudrait redonner aux jeunes le goût de cultiver la terre, de retourner aux champs comme leurs parents le faisaient.
Des notes de satisfaction ont également été données. Les Fonanguon se sont dits heureux que la lutte contre le sida ait gagné en intensité dans le pays bamoun, et ont demandé au sultan de remercier le gouvernement pour les écoles japonaises dont le département a été doté. Mais sur le plan scolaire précisément, ils ont demandé à Ibrahim Mbombo Njoya d`aller plus loin, afin que le Noun obtienne davantage de collèges et de lycées. Après l`avoir félicité pour son initiative de planter 4000 arbres et lui avoir recommandé de relancer le sport dans le Noun, les Fonanguon ont autorisé le roi à se rasseoir sur le trône, marque de satisfecit.
Prenant acte du message, le sultan a d`abord souligné le caractère démocratique de l`opération, avant d`indiquer que le thème de cette année (la lutte contre la pauvreté et le sida) s`inscrit en droite ligne des grandes ambitions du chef de l`Etat. Un thème qui n`a pas été choisi "pour le plaisir d`être dans le vent, mais pour inviter nos institutions traditionnelles à une prise de conscience", a précisé le sultan, estimant que les meilleures armes contre la pandémie sont l`abstinence et la fidélité.
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