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11.03.2024
A cœur ouvert avec S.E. Komidor Njimoluh Hamidou l´Ambassadeur du Cameroun en Algérie
L’Ambassadeur du Cameroun en Algérie a été interrogé par la délégation des journalistes camerounais lors du 7eme Sommet du Forum des pays exportateurs de Gaz (FPEG).
Excellence Monsieur l’Ambassadeur, quel est l’état des relations entre le Cameroun et l’Algérie, pays frère ?
Le Cameroun et l’Algérie entretiennent des relations anciennes, qui datent de la reconnaissance par le Cameroun de l’Algérie indépendante, depuis les années 64. Ces relations ont connu des phases, la première étant dans les périodes de lutte d’indépendance des deux pays.
Le Cameroun est ainsi connu pour avoir été l’un des pays phares dans le combat de l’indépendance, avec des révolutionnaires historiques à l’instar d’Um Nyobe, Woungly Massaga, Félix Moumié et beaucoup d’autres grands patriotes camerounais, connus dans le monde comme étant des héros de l’indépendance du Cameroun.
L’Algérie depuis longtemps a été montrée comme la Mecque des révolutionnaires africains. Ce pays a abrité de grands combattants pour la liberté de l’Afrique, depuis tous les pays de l’Afrique australe avec Nelson Mandela et autres qui ont séjourné ici, y compris des nationalistes qui ont pris la nationalité algérienne. Et pour l’anecdote concernant le Cameroun, Madame Moumié a écrit un livre qui a été préfacé par l’ancien Président algérien Ahmed Ben Bella, un des grands combattants de la libération algérienne. L’Algérie et le Cameroun marchent depuis longtemps main dans la main.
Il y a eu une phase de répit pour l’Algérie sortie de lutte de son indépendance pour sa propre construction. Il y a cette phase de la nouvelle Algérie qui, après sa construction, a la volonté d’aller vers l’Afrique subsaharienne travailler en toute évidence pour créer un partenariat de dignité, de développement permettant aux uns et autres de se retrouver dans une action de développement concertée. Voilà l’Algérie nouvelle qui est avec le Cameroun dans toutes les relations de partenariat. Je suis fier d’avoir été nommé en Algérie pour essayer de représenter les intérêts du Gouvernement et de tous les Camerounais.
Peut-on avoir quelques secteurs phares de la coopération Cameroun – Algérie ?
Depuis que je suis là, je crois qu’il y a beaucoup de choses qu’on peut faire entre le Cameroun et l’Algérie. Il y a le développement commercial, le développement économique dans son sens le plus large, qui s’apprête à entrer dans une sorte de coalition simple, de travail. Des partenaires camerounais et algériens peuvent désormais s’asseoir et créer ensemble des entreprises responsables, des projets d’actions de développement.
Des Camerounais sont nombreux, très actifs et qui ont intérêt à vouloir travailler dans cet esprit. L’Algérie a cet esprit de vouloir venir en Afrique subsaharienne pour qu’ensemble nous créions les raisons de notre développement dans la dignité.
Le Cameroun et l’Algérie sont en pleine coopération sécuritaire qui porte ses fruits. Nous avons des centaines de nos officiers, sous-officiers de l’armée, de gendarmerie qui sont ici en Algérie, qui travaillent avec leurs confrères algériens et qui développent ensemble des stratégies d’actions, de formations, de reconnaissance, de savoir-faire dans ce domaine sécuritaire.
Dans le secteur du transport aérien et maritime, l’Algérie et le Cameroun sont en train de construire quelque chose de solide pour booster leurs économies. Ils viennent d’ouvrir une ligne aérienne directe trois fois par semaine, et il y a la ligne maritime qui arrive. Tout ceci est accompagné de formations dans le domaine des transports. Les Algériens sont ouverts à ce genre de coopération. La volonté y est pour élargir dans les domaines de l’agriculture, de la foresterie, la pisciculture. Les Algériens et les Camerounais sont ouverts à l’action purement et simplement. C’est assez vaste pour que je m’étende dessus.
Il faut souhaiter que les deux pays travaillent mieux et qu’il y ait une mutation des mentalités. Que les Camerounais aient le courage tout comme les Algériens d’aller les uns vers les autres. Qu’il y ait des rencontres prometteuses d’avenir. Il faut décoloniser l’économie africaine. Cessons d’être en relation ombilicale entre nos pays africains et les anciennes métropoles, pour des commerces de rentes. Changeons et allons vers l’Afrique africaine pour essayer de transformer notre économie, surtout avec des mutations de mentalités et une volonté de bien faire.
Quelle est l’ambiance entre l’Ambassade et les Camerounais qui se retrouvent ici en Algérie ?
L’Ambassade du Cameroun en Algérie a un rôle cardinal d’encadrement, de protection et de promotion de la diaspora camerounaise ici en terre algérienne, qui se chiffre à environ 10.000 personnes. Comme dans tous les autres pays, il y a bien sûr une frange importante de cette diaspora qui se distingue par son sérieux et son dynamisme. On y dénombre des fonctionnaires internationaux, de très nombreux stagiaires de la coopération militaire, un effectif appréciable d’étudiants boursiers qui non seulement brillent par leurs succès universitaires, obtiennent des prix qui honorent notre pays dans des domaines tels que les lettres ou les TIC, ou qui deviennent des icônes dans leurs domaines d’activités. Nous dénombrons également des hommes d’église et surtout des compatriotes volontaires, installés ici depuis des décennies ou ayant pu régulariser leur situation, qui contribuent au dynamisme de l’économie algérienne.
Tous ces camerounais méritants de l’Algérie sont dignes et doivent être honorés. Toutefois, je me dois aussi de signaler une proportion marginale qui, par malchance, se retrouve dans la clandestinité. Ceux là n’ont de cesse de chercher à s’en sortir pour réaliser leurs rêves d’une vie meilleure. Ce sont des combattants de la vie.
Son Excellence monsieur l’ambassadeur, vous parlez du privilège que vous avez d’être à la tête de cette institution au vu de l’offre en infrastructures que le Président de la République a faite à cette mission diplomatique. S’il vous était demandé de nous présenter l’ambassade en quelques mots, que diriez-vous?
Merci de la question parce que cela me permet de vous faire savoir que le Président de la République a offert à la jeunesse camerounaise un complexe diplomatique digne de ce nom, qui fait la fierté du Cameroun ici en Algérie, contribuant ainsi à son image de marque. Le complexe est composé de la Chancellerie à trois niveaux, côté cour et à quatre niveaux, côté jardins. La fastueuse Résidence est quant à elle à quatre niveaux côté cour et, à six niveaux côté jardins.
Cette grande chancellerie qui accueille fréquemment les rencontres de la communauté diplomatique africaine en Algérie. C’est ici d’ailleurs que le corps diplomatique s’est restructuré dernièrement en un corps bien en forme pour pouvoir représenter efficacement l’Afrique ici en Algérie.
Je vous assure que cela fait une grande fierté quand on est Camerounais d’être ici en Algérie avec un tel complexe diplomatique. Ce complexe attend impatiemment d’être parachevé par son équipement et son ameublement, suivant le cahier de charges.
Quel est le sens que vous Ambassadeur avez donné à la rencontre entre les hommes d’affaires algériens et nous autres journalistes venus du Cameroun ?
J’ai souhaité que vous qui êtes des journalistes responsables ayez cette rencontre avec ces opérateurs économiques algériens pour vous faire une idée de la densité et des potentialités de la coopération économique entre nos deux pays.
Que nous quittions l’économie de rente pour une économie de transformation ; que nous réussissions dans notre pays à transformer nos matières premières, leur donnant ainsi de la plus-value sur place. Au lieu que notre café, nos fruits aillent se faire transformer à l’étranger, que nous transformions cela chez nous et qu’avec l’apport de nos autres pays africains qui ont déjà cet avantage, nous nous retrouvions pour la transformation locale de nos produits. C’est important. Nous en avons besoin. Africains, nous pouvons réussir. Nous avons de la technologie, de la matière. Il nous manque juste de la volonté.
De votre propre expérience, comment percevez-vous l’Algérie aujourd’hui ?
J’ai l’impression forte que nous devons mieux travailler pour une meilleure perception de l’Algérie au Cameroun. L’Algérie est un pays qui n’a pas de dettes. C’est un pays qui se bat pour sa dignité, qui se bat pour le développement réel de son peuple, qui veut tirer avec elle tout le reste du continent.
Voilà ce que je connais de cette Algérie que je viens de découvrir. C’est une Algérie qui ne lâche pas prise. Je souhaite ardemment que nos pays africains suivent cet esprit de dignité et de transformation, cette volonté de bien faire. Nous pouvons le faire.
En conclusion à cet échange et en tant que modeste camerounais qui a fait sa part, j’ai eu la chance d’être un proche collaborateur du Chef de l’Etat, le Président Paul BIYA. J’ai eu à le côtoyer dans divers domaines, tant sur le plan politique que celui des relations internationales. Il m’a appris beaucoup de choses. C’est un homme très ouvert, qui m’a toujours permis de penser et de m’exprimer librement.
Je suis très fier de cette expérience acquise auprès du Président de la République, si bien que sans l’ombre d’un seul doute je pourrais traduire sa pensée à la jeunesse camerounaise et affirmer : “Ayez confiance en vous-mêmes.
Travaillez réellement et soyez le moins corrompu possible. Faites tout pour que vous soyez vous-mêmes. Ne pensez pas toujours que ce sont les aînés qui vont faire pour vous. Les aînés ont le devoir de vous montrer le chemin mais s’ils ne le font pas, la jeunesse peut mieux faire”.
Je suis Ambassadeur du Cameroun, Ambassadeur de tous les Camerounais sans exception. Le Cameroun a beaucoup de potentiel et peut mieux faire. J’ai vu grandir la démocratie camerounaise, j’ai vu des perspectives de grande ouverture, j’ai vu des acteurs politiques d’aujourd’hui et je souhaite qu’ils soient porteurs de projets, d’esprits nouveaux, de dignité.
J’y crois.
Entretien mené avec Richard Bondol, Francois Bikoro et Arnaud Nguefack à Alger
Journal L’Equation N°743 du lundi 11 mars 2024
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