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02.02.2024

[Interview] SERGES NGOUNGA : "LE PEUPLE BAMOUN À TRAVERS LE NGUON UNE RICHESSE IMMENSE" 

L´écrivain prolifique et acteur culturel engagé, qui a un attachement quasi atavique à ses origines et à sa culture , revient sur l´organisation du Nguon, et fait des propositions pour l´édition 2024 qui sera la toute première sous le Roi 20.

 

Après plusieurs ouvrages à succès dont deux, LES RACINES DU BIEN OU LA PARENTHÈSE ENCHANTÉE, et DES LARMES AUX ÉTOILES, venaient d´être dédicacés publiquement au Cameroun il y a quelques mois, l´auteur prolifique d´origine camerounaise annonce la parution d´un nouvel ouvrage qui a pour titre: LE NGUON EXPLIQUÉ À MON FILS ET PRÉSENTÉ AU MONDE. Dans un entretien à bâton rompu avec Média d´Afrique, il démontre un amour quasi-atavique pour sa culture et ne manque pas d´esquisser quelques solutions pour une bonne organisation du Nguon rituel culturel bamoun-vieux de plus de 600 ans, dont la prochaine édition aura lieu en Décembre 2024.

Vous venez de publier deux ouvrages Des larmes aux étoiles, et Les racines du bien ou la parenthèse enchantée dont la dédicace publique a eu lieu il y´a quelques semaines : Pouvez-vous nous en dire plus?


Je remercie le journal Média d´Afrique, de s´intéresser à ce que je fais. Pour répondre à votre question, ces 2 ouvrages ont été publiés en 2 temps :

- Le premier les racines du bien ou la parenthèse enchantée , sorti en novembre 2022, est un ensemble de textes poétiques qui met en avant le bien en nous et autour de nous. Dans ce livre, je magnifie les valeurs dans lesquelles j´ai été nourries aussi bien au Cameroun, mon pays de naissance que d´autres valeurs que j´ai apprises au fil de mes rencontres et échanges avec les autres. C´est un véritable hymne au partage et à l´amour de soi, de la nature et des autres.

- Le second , qui a pour titre Des larmes aux étoiles, textes à l´absente, publié le 03 juillet 2023 , est quant à lui, un ensemble de textes en hommage à ma défunte mère disparue en mai 2022. Au-delà de cette histoire personnelle, je mets en exergue le travail nécessaire pour sortir de la profondeur de la tristesse et aspirer à une paix intérieure. Il suffit qu´un être vous manque pouf... que vous comprenez l´importance de la vie.

Qu´est-ce qui peut justifier votre passion pour l´écriture ?

Il est difficile de justifier une passion. On peut tenter de chercher une cause profonde. Pour ce qui concerne ma passion pour l´écriture, est-ce ma formation littéraire ? Est-ce mon amour pour les mots et les livres ? Est-ce encore mon désir permanent pour les découvertes et les rencontres ? C´est tout cela à fois et bien d´autres. Je rajouterai encore que cette passion est née d´un désir profond qui va au delà de ma modeste personne, à savoir diffuser ma propre musique intérieure, partager mon regard enchanté et détaché sur le monde qui nous entoure. Et quand je parle de moi, je parle de vous. Et Victor Hugo de rajouter, "imbécile, qui penses que je ne suis pas toi.". En gros, ma passion pour l´écriture repose sur l´amour profond que j´ai pour notre humaine condition.

Votre récent périple en terre camerounaise pour la dédicace publique a été ponctué par deux étapes principales : Celle de Yaoundé, siège des institutions, et celle de Foumban ; Pourquoi le choix de Foumban? Est-ce parce que vous en êtes natif?

Étant à l´aurore de ma vie d´écriture, je ne suis pas connu de mon pays de naissance depuis la quinzaine d´années que j´écris. J´ai choisi en octobre 2023, de commencer à me connecter avec mon public source. Le choix de Foumban et Foumbot dans le Noun, s´est imposé au fil de mes échanges avec le Délégué départemental à la culture et aux arts, Mr Henri-Bosco Poupié, et aussi après échange avec le poète Ramses, initiateur de la plume du Noun.

Avec eux, et d´autres, nous avons organisé deux cafés littéraires avec les lycéens des établissements de ces villes. L´idée était d´inciter mes jeunes cadets à commencer très tôt à écrire, à lire et surtout à savoir partager le fruit de leurs esprits avec les autres. J´ai pu rencontrer près de 300 enfants en 2 jours qui, pour certains avaient déjà la passion de l´écriture. J´ai été très ravi de nos échanges qui augurent de plusieurs projets à venir. L´étape de Yaoundé était différente.

J´avais souhaité organiser deux présentations-dédicaces de mes œuvres sur Douala et Yaoundé. Mais pour une question de temps et d´organisation, je n´ai pu faire qu´à Yaoundé, la capitale de notre cher et beau pays. Un public impressionnant était venu à la découverte de cet homme qui modestement cherche à apporter sa pierre au rayonnement de la culture africaine. J´ai été aussi ravi de cette première rencontre. Je salue et remercie au passage, mon frère et compère le poète Daouda Mbouobouo qui n´a pas manqué d´arguments pour me convaincre d´aller au bout de cette démarche. Nous avons pu le faire avec un franc succès.

Toute ma gratitude va aux amis, familles, inconnus, médias, au Pr Patricia Essomba avec sa note de lecture, à l´excellent modérateur, le journaliste Jean-Jacques Foko, à l´artiste Bern´Artdo qui nous a déclamé quelques extraits de mes textes.... bref, l´étape de Yaoundé m´a donné encore plus de perspectives.

Vous dites apporter votre pierre au rayonnement de la culture africaine. Malheureusement, avec la mondialisation elle est assujettie au choc civilisationnel et ,si rien n´est fait , elle sera victime d´une assimilation de la culture occidentale : Qu´envisagez-vous pour que cette culture africaine reste authentique, vous qui êtes à califourchon entre ces deux cultures ( africaine et occidentale)?

La mondialisation est contrairement à ce que beaucoup pensent, une très bonne chose pour les cultures africaines. Avant qu’on ne soit interconnecté dans ce village global par le moyen de la révolution numérique, l’information arrivait certes par les médias classiques (TV–Presse–Radio) mais elle n’allait pas aux confins du monde.

Ma grand-mère de Koutié ou de koupa ne pouvait pas savoir, il y a 20 ans, qui venait d’être élu président de la République en Argentine.
Aujourd’hui , avec l’explosion du smartphone, du numérique, les informations vont dans les coins les plus reculés du monde à une vitesse supersonique.


Cela voudrait dire quoi, pour revenir à la culture africaine, celles qui sont restées dans leur authenticité, celles qui ont toujours résisté peuvent avoir un écho encore plus grand à travers le monde entier. Si vous prenez l’exemple du Nguon, vieille de plus de 600 ans, Les bamoun l’ont pratiqué entre eux jusqu’à l’arrivée des occidentaux à la fin du XIXe siècle, et jusqu’à son interdiction en 1914 par les colons.

Et avec l’instauration en 1994 par le roi Mbombo Njoya, le peuple camerounais à l’ère de la modernité est venu à la découverte de ce fait culturel.
Nous sommes en 2024, où le monde entier via l’Unesco reconnait la patrimonialité internationale de ce fait culturel qui a été inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’Humanité. Le Nguon 2024, en décembre, sera un véritable carrefour de l´universel en Terre africaine. Le monde entier est attendu à Foumban et appréciera la vision stratégique de notre jeune Monarque. C’est donc dire que la mondialisation peut et doit être une plateforme favorable à la sauvegarde, à la valorisation du patrimoine africain, encore faudrait-il qu’on sache se servir des sirènes de cette mondialisation.

Vous faites bien d´évoquer le Nguon sur lequel vous avez commis un excellent ouvrage il y´a quelques temps. Que répondez-vous aux bamoun qui évoquent le Nguon en mettant un accent seulement sur l´aspect spéculatif et la plus-value mercantile ?


Lorsque les bamoun évoquent le Nguon en mettant un accent seulement sur l’aspect spéculatif et sur la plus-value mercantile, ils manifestent à la fois une vision partiale et erronée du phénomène Nguon de nos jours. Allons plus loin, qui dit spécula- tif, dit spéculation, fabulation, supposition, supputation, invention, etc. On ne peut empêcher personne de spéculer, ni de supposer ce qu’elle veut. Mais il s’agit pour moi plutôt de questions que l’homme bamoun, se pose sur les retombées du Nguon sur son environnement immédiat. Pour la plus-value mercantile, n’ayons pas peur, ni honte de le dire, le Nguon fait vendre la culture bamoun. Cependant, chacun doit s’approprier ce moment pour en tirer plusieurs bénéfices.

Je distingue deux aspects complémentaires dans le phénomène Nguon, de nos jours. Le premier aspect est le Nguon traditionnel avec l’ensemble des manifestation sque sont l’entrée des Fonangouen qui viennent pour le jugement du roi, La cérémonie du sha’pam, le jugement du roi, le sho’Melué; tous ces pans traditionnels ne sont soumis à aucune plus-value mercantile. C’est la manifestation publique et presque visible d’un riche patrimoine ancestral. Comment peut-on spéculer sur ces aspects qui sont le socle même du Nguon ?

cet ensemble rituel de gouvernance est un moment de rencontre entre un peuple et son roi où le dialogue, la paix, la cohésion une richesse immense que beaucoup nous envient. Le second aspect du Nguon moderne est le marché qui se tient au village du Nguon avec les sponsors qui rivalisent de banderoles au cours de plusieurs autres manifestations comme l´ascension du Mont Mbepit, la course de Njimom à Foumban, etc..

Il faut reconnaitre que cette manifestation traditionnelle et culturelle, qu’est le Nguon a bénéficié depuis plusieurs années de couvertures médiatiques exceptionnelles avec des partenaires qui misent en parrainage pour profiter de la vitrine qu’offre le Nguon.

Sans être provocateur, j’ai le sentiment qu’on pourrait aller encore même plus loin sur le marketing autour du Nguon. Sans faire de grande comparaison, savez-vous qu’au Royaume-Uni, le marketing royal ou tout ce qui tourne autour de la monarchie apporte beaucoup de revenus non négligeables au pays. Cela voudrait dire que les retombées financières du Nguon peuvent et doivent être encore plus grandes que ce qui apparait aujourd’hui. Le bamoun commerçant, hôtelier, artisan profite directement du nguon par des ventes directes de biens et de services, mais je pense que l’homme bamoun attend encore plus de chaque édition du Nguon. Il voudrait voir une évolution significative de sa ville, de son village.
Il serait intéressant qu’entre deux éditions du Nguon, que chaque arrondissement du Noun ait une réalisation significative; ce qui probablement apportera plus d’implication des populations locales.

Avec l´inscription du Nguon au patrimoine immatériel de l´Unesco, qu´est-ce qui va changer substantiellement ?

De façon substantielle , l’inscription du Nguon sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité parl’Unesco a plusieurs avantages :

- Apporter plus de visibilité sur le peuple bamoun, sa culture, son histoire, ses traditions. En dehors même des moments de
festivités liés au Nguon, le département du Noun peut voir une augmentation des touristes camerounais et étrangers, deschercheurs qui viendront à la découverte des trésors de ce peuple,

- Le Cameroun qui est déjà une destination touristique va profiter de cet élan international. Il ne faut pas oublier que leMinistère des arts et de la culture, représentant de l’Etat dans la soumission du Nguon au patrimoine de l’humanité, a œuvré ardemment de par ses compétences, de ses appuis et aides multiformes pour aboutir à ce résultat, bien entendu avec les acteurs traditionnels et culturels de la communauté bamoun, sans oublier l’onction royale.

- Les autres communautés camerounaises vont s’intéresser davantage à leur propre histoire et culture afin de créer une émulation semblable.

La toute première édition du Nguon sous le magistère du Roi Nabil aura lieu en 2024: Et s´il vous était demandé de faire des propositions mélioratives pour une organisation réussie, que proposeriez-vous?

Si on me demandait de faire des propositions pour cette 1ère édition sous le règne du Roi Nabil, je souhaiterais qu´on réfléchisse dès à présent, en concertation avec les autorités publiques, sur la réfection des routes dans la ville de Foumban, et sur la question de stationnements.

On aura certainement sur les routes plus de monde que lors de la précédente édition, et il faut penser assez tôt à la gestion des espaces, pour la circulation, la foule. Foumban qui a une superficie d’un peu plus de 400 km2, va avoir une densité 2 à 4 fois plus de la normale. On pourrait quitter de 300 personnes/km2 à plus de 1000 /km2, avec toutes les conséquences si rien n’est pensé en amont. Et étant donné l’affluence annoncée, il faudra que les acteurs de l’hôtellerie et du tourisme affutent leurs arguments en proposant des lieux de qualité sans en abuser sur les prix de prestations. Un recensement est nécessaire pour éviter des déconvenues aux populations et aux touristes. Foumban devra relever le défi de l’hospitalité avec un logement en nombre et en qualité.

Dans un élan inclusif, je proposerais, peut-être que c’est déjà fait, que des enfants de collèges et lycées soient associés à la vulgarisation des préceptes du Nguon. Il faudra amener les parents à s’intéresser à ce volet de notre histoire, initier une interaction entre les familles et les scolaires pour la transmission des valeurs du Nguon. Pas évident de mettre en place, mais cela mérite une réflexion concertée. En même temps, les équipes d’organisation ont eu plus de 5 ans de recul pour trouver des axes d’amélioration afin que le 1er Nguon du Roi XX soit mémorable. Je leur fait confiance pour ce challenge.

À quand la parution de votre prochain ouvrage ?

Actuellement, je suis sur plusieurs projets qui verront le jour entre avril et juin 2025. Je n´en dirais pas plus pour l´instant. J´ai un nouveau bébé, "Le Nguon expliqué à mon fils et présenté au monde". Il est important de bien s´occuper de lui, de le présenter à la grande famille de l´humanité sans oublier ses autres cadets qui méritent aussi de la visibilité.

Quel message à l´endroit de ceux qui se passionnent pour les lettres et souhaiteraient se lancer dans une carrière d´écrivain ?

Je dirai simplement qu´il faut oser. Il ne faut pas se laisser décourager. Si on estime dans son fort intérieur qu´on a quelque chose à dire au monde, alors il faut se battre pour que le monde entende notre voix. Il faut écrire si on sent cette musique monter en nous, il faut partager ses écrits, se faire accompagner si nécessaire ,et viendra un moment où notre voix, notre plume sera appréciée.

La passion de l´écriture doit s´entretenir aussi par la lecture, la curiosité, l´éveil, les rencontres. C´est tout cela qui nourrit l´imaginaire. J´encourage donc tous ceux qui sont passionnés par l´écriture à se laisser entraîner par cette très belle flamme. Ils n´auront que grâce et plaisir. Et le monde sera plus enchanté !

propos recueillis par Elie Njignam 

 

Média d´Afrique N°0011 du mardi 31 janvier 2024



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Source: Royaumebamoun.com | Hits: 494 | Envoyer à des amis  ! | Imprimer ! | Réagir(0)

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