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01.11.2023
QUID DU ROYAUME BAMOUN DANS LA RÉPUBLIQUE ?
Royaume, lamidat, chefferies …, dans le contexte républicain actuel, sont des termes qui renvoient à la fois à une réalité présente illustrée par l’ensemble des entités et/ou communautés ethnologiques qui composent le Cameroun, ensuite à l’idée de représentation anthropologique que ses communautés recouvraient dans leurs antériorités historiques. Cette représentation hier recouvrait des réalités de pouvoir politique, voire économique et judiciaire qui impactaient sur l’environnement humain de ces communautés. Elle est aujourd’hui de l’ordre des structures d’encadrement des populations dépouillées de tout pouvoir régalien au service d’un nouvel ordre qui l’a soumise définitivement à son auxiliariat.
Les attributs des royaumes, lamidats, chefferies…sont tombés dans le folklore à l’usage des us et coutumes pour mémoire, à l’usage de rappel des valeurs morales et culturelles, ensuite d’ornements , trouvailles touristiques et pièces de lecture des psychologies sociales et de foules pour le meilleur contrôle possible des populations encore à l’école de vivre-ensemble en construction de patriotisme. C’est bien pour leurs caractères d’auxiliariat à l’encadrement et au contrôle des populations afin de faire l’économie des forces de l’ordre supplétives qu’elles sont utiles à la République et trouvent encore leur juste place dans le continuum administratif.
En vérité elles demeurent, ces structures, les contenants de nos valeurs , de nos identités ontologiques et culturelles, de ce qui nous reste en propre pour nous positionner solidement dans une cosmogonie mouvante en perte de valeur éthique. Ces structures d’appartenance culturelle nous accompagnent dans notre présence républicaine manifeste. Nous sommes porteurs de double réalités, une manifeste actuelle et contraignante, l’autre notre rêve de grandeur d’autrefois , notre fantasme qui participe de notre personnalité. Nous sommes des janus biface, et la République est notre réalité contraignante qui a tous les droits sur nous. Il faut comprendre : la période coloniale a été une période de chamboulement de notre identité, de perte de nos valeurs. La substitution d’état en période post- coloniale n’a rien changé et définitivement institué l’assujettissement des pouvoirs traditionnels. Ainsi donc nous devrions nous rappeler cet aspect colonial de notre passé pour comprendre ce qui nous est arrivé.
Un peuple dont le leadership a été militairement et politiquement désarmé perd ses moyens d’action et les moyens de sa politique face à l’occupant déterminé à faire valoir son pouvoir, ses valeurs, sa culture et sa domination. L’occupant dominant instrumentalise l’intrigue, désorganise l’ordre des relations interpersonnelles, use de délation, cautionne le révisionnisme historique et réussit de ce fait à déporter voire emprisonner le leadership d’une société subjuguée, réduite à l’auxiliariat. Après la domination coloniale est venu le temps de la pérennisation post coloniale de l’Etat colonial constitué de communautés autonomes ante coloniales ayant perdu leurs prérogatives de souveraineté pour devenir de simples auxiliaires d’administration post coloniaux. Une nouvelle redéfinition des identités est devenue nécessaire au sein de la nouvelle configuration géopolitique.
Les communautés jadis autonomes aux décisions autonomes, comme le désormais ancien royaume Bamoun, sont devenus des sous- ensembles du grand ensemble au nom unificateur de Cameroun. De part les spécificités et les dynamiques de leurs cultures quelques sous-ensembles ont su mettre en valeur et faire briller leur particularité, le cas des Bamoun. Et le temps des politiques politiciennes est venu, un leadership Bamoun pétri de cultures et d’intérêt collectif ayant fait défaut, les acquis du Roi Njoya et de la grandeur semi-millénaire du Noun ont connu les affres de la compétition politique pluraliste, de la zizanie, de la déformation de la vérité historique, que dis-je, du révisionnisme abject, du négationnisme et du dysfonctionnement sociétal impropres au développement.
Cet état a pour nom le Noun actuel, sans leadership, sans boussole, riche d’hommes et de femme de valeur, riche d’histoire et de potentialités économiques, mais absent des cercles de décision ultimes, affaibli et laissé déstabilisé à dessein. Et les pauvres gens du Noun s’entredéchirent chaque jour, s’invectivent au grand dame de ceux qui vous confinent à un département vassal. Et les enfants du Noun se jalousent (ceci n’est pas le propre du Noun) , mais ailleurs on avance et on n’insulte pas sa propre histoire. On respecte les valeurs reçues des ancêtres sans renier à la modernité ni aux droits humains. Le vent de l’Est ne passera pas par ici tant que nous n’aurions pas pris conscience de notre autoflagelation, et décidé par nous mêmes d’un renouveau salvateur afin que le Cameroun en bouillonnement de présage des futures certains, dans ses péréquations nous prenne en compte et qu’enfin nous comptons dans ses transformations indubitables.
Nji Komidor.
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