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10.12.2020
DIABETE: "La prévention nous concerne tous et en particulier les personnes à risques…", Dr Sandra Nd
DIABETE: "La prévention nous concerne tous et en particulier les personnes à risques…", Dr Sandra Ndam Ngambou,Hôpital Général de Yaoundé[Interview]
"La prévention nous concerne tous et en particulier les personnes à risques…", Dr Sandra Ndam Ngambou, Chef Sous-unité endocrinologie, Hôpital Général de Yaoundé
L’endocrinologue – diabétologue s’exprime sur la pertinence du thème de l’édition 2020 de la journée Mondiale du diabète et évoque les mesures à prendre pour éviter cette maladie.
Le 14 novembre dernier, s’est célébrée la journée mondiale du diabète sur le thème : « Le personnel infirmier et le diabète ».
Quelle est la cause de cette maladie et que vous inspire cette thématique ?
Le diabète est en réalité un groupe de maladies et pas une seule. Ce qui veut dire qu’il y a plusieurs affections regroupées sous cette même dénomination, et qui ont en commun une hyperglycémie chronique. Entendez, un taux de sucre anormalement élevé dans le sang. Pour cause, un défaut de sécrétion d’insuline par le pancréas (hormone seule habilitée à abaisser la glycémie) ou alors une mauvaise action de cette insuline ou encore les 2 anomalies retrouvées ensemble. Le diabète de type 2, plus fréquent représentant en terme de proportion 90-95% des diabètes, est favorisé par un mode de vie sédentaire (trop peu d’activité physique), un excès pondéral (surpoids ou obésité) et une alimentation trop riche en graisses et sucres, le tout chez un patient très souvent prédisposé génétiquement, chez qui on retrouvera des antécédents familiaux de diabète.
Pour les autres types de diabète, les causes seront différentes : une autodigestion du pancréas par des anticorps, c’est le cas du diabète de type 1 dit autoimmun et représentant 5a10% des diabètes. Dans une moindre fréquence Le diabète gestationnel chez la femme enceinte lié au même mécanisme que le diabète de type 2, et diagnostiqué pendant une grossesse. Pour le dernier groupe des autres types de diabète bien plus rares, les causes : la prise de médicaments diabétogènes, des maladies génétiques transmissibles de parents à enfants associés à une réduction de sécrétion de l’insuline ou de son action, les maladies qui détruisent directement le pancréas, les maladies liés à une sécrétion excessive d’hormones hyperglycémiantes, certaines infections qui favorisent une résistance à l’action de l’insuline, etc...
Pour ce qui est du thème de célébration de la Journée mondiale du Diabète de cette année, il est fort évocateur,en ceci qu’il vient souligner la place centrale du personnel infirmier dans la prise en charge des patients diabétiques... En étant plus disponible, plus accessible et plus proche des patients, des infirmier(e)s outillé(e)s sont un atout majeur pour la mise en route et le suivi de l’éducation des patients sur leur affection, leur autonomisation aux surveillance glycémique et aux auto-injection d’insuline le cas échéant, le respect des horaires de prise de traitement, les séances d’éducation aux soins du pied ,encourager à une activité physique et un régime alimentaire approprié , la gestion des urgences hypoglycémiques surtout, etc... Tant d’actions souvent reléguées à tort à l’intervention du seul médecin souvent débordé... le médecin trouve ainsi une aide et pour lui un gain de temps conséquent pour s’occuper d’un plus grand nombre de patients à leur grand profit. Selon la FID, une personne sur 10 est atteinte de diabète. Cette maladie devient de plus en plus une véritable question de santé publique.
Comment la prévenir ou l’éviter ?
La prévention nous concerne tous et en particulier les personnes à risques, celles ayant des antécédents familiaux de diabète. Nous insisterons sur ce mot clé PRÉVENTION... prévention de la maladie en ayant un mode de vie sain, des repas équilibrés en glucides lipides protides, pauvres en graisses et sucres rapides, bannir les mauvaises habitudes alimentaires (grignotage, excès de table,fritures, Fast Food ..) une activité physique journalière ne serait ce qui équivalente à 30minutes de marche par jour, réduire le stress et l’auto-médication..
L’obésité de l’enfant et de l’adolescent fait le lit des maladies cardiovasculaires et du diabète dans ce que nous appelons le syndrome métabolique avec l’hypertension artérielle et l’excès de mauvais cholestérol! La prévention passe donc également par les plus petits et adultes jeunes autrefois à l’abri mais aujourd’hui de plus en plus concernés par le diabète de type 2. Nous devons les encourager à pratiquer plus d’activité physique et garantir une alimentation plus saine. Un enfant en surpoids passé l’âge de 6 ans a un surisque d’être obèse à l’âge adulte et le lien entre l’obésité et le diabète est si étroit.
Par ailleurs, culturellement l’obésité est souvent signe d’aisance ou de bien-être, cette façon de penser rend difficile la sensibilisation et la prévention. Nous devons promouvoir autour de nous le message des dangers de l’obésité.
On retrouve cette maladie auprès des populations du Noun. Que répondez-vous à ceux qui pensent que les Bamoun sont plus exposés à cause de la consommation quotidienne du couscous pour certains ?
Nous dirons que le plat traditionnel bamoun n’est pas en soi le problème. Mais, une alimentation hypercalorique non compensée par une dépense calorique adéquate favorise l’obésité dont nous avons dit être un facteur de risque majeur du diabète. Il semble à l’observation (et sous réserve d’études avenirs, j’espère) que la prévalence de l’obésité est plus importante dans la région du Noun. Le plat culturel quotidiennement consommé mais également la sédentarisation des populations et la conception culturelle de la beauté associée au surpoids sont vraisemblablement lorsque mis ensemble, les raisons qui pourraient favoriser un accroissement de la prévalence du diabète. Maintenant est-ce que notre population est génétiquement prédisposée ? Rien ne permet de l’affirmer ou l’infirmer pour le moment en l’état actuel des connaissances. Retenons donc une alimentation équilibrée et variée avec du couscous pourquoi pas tant qu’on prévient l’installation d’une obésité.
Peut-on véritablement guérir du diabète ou alors quelles mesures prendre lorsqu’on est diabétique ?
Guérir du diabète, NON, vu qu´il s’agit d’une maladie chronique. Mais contrôler le diabète, OUI. Les dangers de la maladie sont liés à ses complications invalidantes et immortelles: cécité, insuffisance rénale, neuropathies, dysfonction érectile chez les homes, accidents vasculaires cérébraux, crises cardiaques, amputation des membres, etc. Vivre avec le diabète, c’est prévenir ces complications heureusement évitables en ayant des glycémies aussi proches que possibles de celles des patients non diabétiques, en prenant ses médicaments chaque jour tel que prescrits par son médecin et en ayant un mode de vie conforme aux prescriptions.
Propos recueillis par YLM
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