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Pr NJOYA Oudou: « Le Cameroun a besoin d’un Programme National de lutte contre les hépatites virales »

 
Hépato Gastro entérologue et vice doyen chargé de la recherche et de la coopération, le Pr NJOYA Oudou revisite l’état de Santé du Cameroun, en ce qui concerne les Hépatites Virales.


Hépato Gastro entérologue et vice doyen chargé de la recherche et de la coopération, le Pr NJOYA Oudou revisite l’état de Santé du Cameroun, en ce qui concerne les Hépatites Virales.

De plus en plus, on parle d’hépatites virales au Cameroun. D’entrée de jeu, comment se manifeste cette pathologie ?

Les hépatites virales n’ont à proprement parler pas de manifestation typique. Dans la forme aigue dite commune, elle peut dans les meilleurs des cas se présenter sous un tableau proche de celui de la grippe. Dans la forme chronique, (c`est-à-dire évoluant depuis plus de 6 mois) la maladie est volontiers silencieuse jusqu’apparaisse les premiers éléments de complication.

Le Cameroun est parmi les pays où sévissent les Hépatites virales. Quel est l`état de l`évolution de ces maladies au niveau des populations camerounaises?

Le Cameroun est effectivement un des pays les plus touchés par les hépatites virales en Afrique et même dans le monde. En effet, avec une prévalence de plus de 10% pour l`hépatite B et plus de 12% pour l`hépatite C, Le Cameroun est assurément un pays dit de haute endémicité pour ces pathologies.

Au regard des statistiques que vous avancez, les hépatites virales sont plus virulentes que le Vih/SIDA, qu`est ce qui peut favoriser la propension de ces maladies au Cameroun?

Les particularités du Cameroun tiennent, en plus des hautes prévalences, les particularités de voies de transmission. En effet, en plus des voies classiques que sont la voie sexuelle, les accidents transfusionnels, la promiscuité, les scarifications et les soins corporels de toute nature, sont d`autres voies de transmissions de la maladie. Cette situation est aggravée par le manque d`information et les ignorances diverses des populations.

Par ailleurs les hépatites virales B et C ont comme autre complication le cancer du foie qui n`a pas de traitement curatif à proprement parler. Ce cancer frappe essentiellement dans les tranches d`âge de jeune adulte donc dans l`appareil de production de notre pays.
La dernière particularité du Cameroun c`est l`absence de couverture sociale qui, couplée au faible pouvoir d`achat des populations les rend particulièrement vulnérables.

l`on remarque que d`importants moyens financiers sont débloqués pour lutter contre le Vih/SIDA, avec son lot de tapage médiatique. Comment percevez-vous une telle situation?

Jusqu`ici tous les efforts se sont concentrés sur le SIDA; la communauté médicale scientifique internationale a réussi à faire prendre conscience de l`importance du "Problème Hépatites virales". ceci est d`autant plus important qu`il y a bien plus de patient s atteints d`hépatite virales dans le monde que de SIDA, et les patients atteint de SIDA décèdent de plus en plus d`hépatites virales , ce qui va grever sensiblement les efforts jusqu`ici déployés contre le SIDA.

Il faut donc que les pays adoptent une volonté politique pour lutter contre les hépatites virales. C`est en cela que la communauté internationale a lancé un appel aux décideurs, appel contenu dans la déclaration dite de Maurice de Novembre 2009

Vous présidez le conseil scientifique du réseau camerounais contre les hépatites virales. Quels sont vos objectifs? Quelle est la participation de l`État dans les activités que vous menez?

Des professionnels de la santé, conscients de l`ampleur du "Problème Hépatite Virale", se sont organisés en une association (société savante) dénommée Réseau Camerounais contre les Hépatites (RCHV). Ce réseau pour l`instant fonctionne avec ses moyens propres pour éduquer les populations, organiser des sessions de remise à niveau des médecins, des campagnes de dépistage, des négociations auprès de firmes pharmaceutiques, des facilités pour les patients sous traitement etc ,etc. Le Réseau n`a pour l`instant que le soutien moral des pouvoirs publics, en attendant la mise définitive sur pieds d`un programme national de lutte contre les hépatites virales pour lequel le Réseau a déjà fait ses propositions.

Peut-on dire que le gouvernement ne fait rien pour lutter contre les hépatites virales au Cameroun?

Non, loin de là ! L’état camerounais fait des efforts même si cela ne suffit pas encore.
Il a généralisé depuis quelque temps la vaccination contre l’hépatite virale B chez les nouveau-nés. Il apporte de l’assistance des patients sous traitement.


Propos recueillis par Azize MBOHOU
Royaumebamoun.com, Yaoundé

 



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